Jacques Henri LARTIGUE (1894-1986) « La vie en couleurs »
Comme Jacques-Henri Lartigue a été un photographe amateur une grande partie de sa vie, il s’est autorisé l’usage de la couleur proscrite par les artistes photographes.
La photo couleur a constitué un tiers de son œuvre et était peu connue du public. Le propos de l’exposition est ainsi « Lartigue et la couleur ».
Notes de Photogamme sur l’exposition.
Quelques éléments biographiques
Jacques Henri Lartigue est né dans une famille très aisée.
Il étudie les arts graphiques pour devenir peintre mais cette activité dont il fait sa profession ne lui apporte qu’un succès d’estime. Mais ces deux caractéristiques vont conditionner don avenir. Grâce à son origine sociale et son choix de vivre dans le domaine des arts, il sera toute sa vie entouré de vedettes et de personnalités.
Dès son enfance, il prend des photos, la première à l’âge de 8 ans. Son père, photographe amateur, lui offre des appareils toujours dernier cri d’un point de vue technique. De l’enfance à l’âge mûr etpendant 80 ans, il photographiera tous les jours ce qu’il avait sous les yeux : son entourage, son environnement social, ses épouses, ses maîtresses, les paysages, les jardins, les fleurs…
Dans le corpus de cet amateur au regard de peintre, il y a des pépites qui régulièrement attirent l’attention : on lui propose de petites expositions en galeries, il vend quelques photos à des magazines mais rien qui n’annonce vraiment la consécration.
Puis soudain les USA prennent conscience de son talent. En 1963, il est mis en contact avec John Szarkowski, conservateur au MOMA de New York, qui s’enflamme pour ses photos et les expose. La même année, LIFE publie un portfolio de ses photos. Il a 69 ans et passe du statut de brillant dilettante à celui d’artiste reconnu…rétrospectivement même en France. On lui confie la photo présidentielle en 1974. Des expositions de son œuvre se succèdent à Paris.
Lartigue a pratiqué la photo couleur à deux périodes de sa vie :
De 1912 à 1927 : il fait des autochromes.
Il a 18 ans. Son père lui offre un appareil qui réalise des autochromes stéréoscopiques. Ce sont des images fixées sur des plaques de verre 6 cm x 13 cm, destinées à restituer le relief quand elles sont regardées dans une visionneuse.
Mais le volume de l’équipement et la longueur du temps de pose lui font abandonner ce système.
Ensuite, pendant une vingtaine d’années, Lartigue photographie en noir et blanc.
Il revient à la couleur à partir de 1949 jusque dans les années 70.
Il utilise des films couleur :
– Avec son Rolleiflex, il privilégie le format carré en faisant des Ektachromes 6 x 6,
– Avec son Leica, il fait des photographies 24 x 36.
La provenance des images exposées est intéressante.
– Une partie est issue de ses autochromes stéréoscopique :
On a tiré sur papier une des 2 plaques de verre qui composent une vue stéréoscopique.
– L’autre provient de ses films couleur :
Il y a peu de tirages couleur d’époque qui restent sauf ceux que Lartigue a collés dans ses albums et qui sont abimés.
Presque toutes les images exposées proviennent donc des albums faits par Lartigue entre 1948 et 1986 mais ces images sont en fait des reproductions.
Il s’agit de tirages positifs originaux d’époque (6×6 et 24×36) insérés dans des albums et qui étaient dégradés. On les a :
– scannés à haute définition,
– restaurés numériquement,
– imprimés avec une imprimante jet d’encre.
Ce sont donc tirages pigmentaires.
Les albums sont ceux que Lartigue a constitués pendant 85 ans comme un journal, c’est à dire 135 tomes, 14223 pages et des milliers d’images collées en illustration.
Coup de cœur de Photogamme pour:
– Les autochromes tirés sur papier ont un grain qui rappelle la peinture pointilliste. Les photos de Bibi sont composées comme de véritables tableaux.
– Les photographies couleur issues des pellicules de Lartigue ne sont pas le résultat d’une mise en scène, elles n’ont jamais été retouchées, ni recadrées. Ce sont de véritables instantanés captés par l’œil d’un peintre mais qui ont le charme sophistiqué d’une photo de mode.