Edward STEICHEN – The Flatiron, Evening, 1904, photographie du mois

Edward Steichen - The Flatiron -Evening - Photogravure
Edward Steichen (1879 – 1973), The Flatiron – Evening – 1904 – publié en 1906 dans la revue Camera Work XIV – Photogravure tritone sur papier.

Edward Steichen a réalisé cette photographie en 1904. Elle restitue parfaitement l’ambiance de la rue à New York au crépuscule d’un jour d’hiver.

La photographie fait cohabiter un arbre dépouillé par l’hiver, la rue mouillée de pluie et le Flatiron Building nouvellement construit.
A cette époque, c’est l’un des plus hauts bâtiments de New York. Conçu par Daniel Burnham, il représente les dernières avancées en matière de design moderne associé à la construction avec ossature d’acier. Ce bâtiment est un symbole du progrès technologique américain. Comme l’a déclaré Alfred Steiglitz, collègue d’Edward Steichen, «Le Flatiron est aux États-Unis ce que le Parthénon était à la Grèce ».


L’arbre est au premier plan puis l’œil identifie la silhouette d’un cocher et le building ferme la composition.  Steichen superpose 3 éléments. L’un incarne la nature, l’autre le dynamisme de ses habitants et le mouvement dans la ville, et le 3ème symbolise son caractère résolument moderne.

Edward Steichen s’est appuyé sur la connaissance qu’il avait des estampes japonaises, dans lesquelles des éléments naturels et matériels cohabitent grâce au talent du dessinateur. Les estampes d’Hiroshige témoignent de cette association parfaite surtout dans les 100 vues d’Edo, première série a avoir adopté le format vertical, ce qui rend les compositions beaucoup plus dynamiques. (Voir des estampes d’Hiroshige ci-dessous)

Une source aussi pertinente sur le plan esthétique était certainement conforme à la vision de Edward Steichen et d’Alfred Stieglitz. Les deux photographes partageaient la même idée sur le potentiel de la photographie : c’était un medium qu’il fallait à tout prix rattacher aux Beaux-arts.

Une autre proximité avec les estampes japonaises est à noter. L’estampe japonaise est le résultat de l’impression sur papier de motifs gravés sur des planches de bois grâce à des encres de couleur. 
Cette photogravure a été imprimée à l’aide de plusieurs encres de couleur (« tritone » signifie trois encres) à partir d’une plaque de cuivre. Cette technique permettait de produire une image en couleur alors qu’à l’époque la photographie couleur était encore impossible. 

Cette vision de New York reste l’une des plus romantiques jamais réalisée en photographie. A nos yeux de citoyen du XXIème, elle incarne aussi un moment où cohabite un monde finissant et la modernité en marche dans une grande métropole.

Voir la fiche Marché de l’art pour cette photographie.

Les estampes japonaises d’Hiroshige qui ont pu inspirer Edward Steichen.

Série les 100 vues d’Edo – Dates de première édition de la série : 1856-1858

Le temple Ekō-in à Ryōgoku
et le pont Moto-Yanagi (1857)
Pont Bikuni sous la neige (1857)
Le pont de Kanasugi et Shibaura (1857) À l’intérieur du sanctuaire
Kameido Tenjin (1857)