George HOYNINGEN–HUENE, Divers, Swimwear by Izod, 1930, photographie du mois

George HOYNINGEN–HUENE, Divers, Swimwear by Izod, 1930
George HOYNINGEN–HUENE (1900–1968), Divers, Swimwear by Izod, Paris, 1930

Cette photographie est une fausse image de contemplation et un hymne truqué à la beauté des corps car elle présente … des maillots de bains.

Les différents niveaux de lecture de la photographie : Divers, Swimwear by Izod, 1930 de George HOYNINGEN–HUENE.

La première question qu’on se pose est : de quoi parle cette photo ?

Cette photographie semble être à la fois une image de contemplation et un hymne à la beauté des corps. Il s’agit en fait d’une photographie de mode dont le propos est de présenter des maillots de bains.

George Hoyningen-Huene a inauguré la phase héroïque de la photographie de mode à la fin des années 1920. 

En 1930, les plongeurs de haut niveau incarnaient la perfection, celle du corps bien sûr mais ils représentaient aussi la puissance de l’esprit à l’œuvre pour vaincre la peur et effectuer un plongeon parfait.
Le contexte choisit par George Hoyningen-Huene pour évoquer des maillots de bains, est celui de la sphère des athlètes, pas celui des pin-ups sous un parasol. 

Un autre paradoxe

Un autre paradoxe apparait dans cette image : on est dans le culte de la performance mais les deux plongeurs supposés de la photo ne sont pas dans l’action mais dans la contemplation.
Cette photographie devient alors une métaphore de l’extrême concentration nécessaire pour effectuer un plongeon parfait.

L’absence de communication entre les deux personnages et le dos tourné au spectateur renforce l’idée de la sublimation de l’esprit tourné vers l’effort et la perfection.

Eléments stylistiques et biographiques sur George HOYNINGEN–HUENE
(4 septembre 1900 – 12 septembre 1968)

1°) Son style en quelques phrases :

George Hoyningen-Huene était un photographe de mode américano-russe connu pour ses œuvres en noir et blanc d’une extrême élégance. Il fut notamment l’un des premiers photographes à prendre des photos de ses modèles en cassant les codes frivoles de l’époque.
Sa marque de fabrique était le travail sur la lumière. Cette maitrise parfaite des éclairages transformait les mannequins, hommes et femmes, en sculpture de la Grèce antique.

Dans ses photographies de mode et de voyage, il a essayé de présenter l’humanité sous un jour digne, sculptural et héroïque. Il appréciait ce qu’il appelait «le naturel de la forme et du mouvement» et déplorait «l’artificialité organisée». 

Un de ses artifices :
George Hoyningen -Huene essayait de restituer en image la pureté et la fluidité des vêtements sur les marbres classiques.
Il a réussi à imiter les poses et les dispositions des frises grecques anciennes en faisant s’allonger à terre ses modèles dans des poses dynamiques. En disposant leurs vêtements autour d’eux à plat sur le sol, et en photographiant les corps vus du dessus, il produisait un résultat spectaculaire. Les tissus semblent flotter. 

Voir la fiche Marché de l’art pour cette photographie.

2°) La biographie light de George HOYNINGEN–HUENE

George Hoyningen-Huene est issu de la noblesse russe. Sa famille a fuit à Londres pendant la révolution de 1917.
Au début des années 1920, Huene s’installe à Paris et commence sa carrière de photographe de mode. 

En 1925, il prend la direction artistique de la photographie de mode du Vogue français.
En 1931, il rencontre un allemand, Horst P. Horst (1906 – 1999). Horst devient son assistant, son modèle, son amant puis à son tour un grand photographe.

Il déménage à New York en 1935 et rentre chez Harpar’s Bazaar.
Mais déçu, George Hoyningen-Huene part voyager en Egypte et au Moyen-Orient. il publiera plusieurs livres autour de ses photographies de voyages

En 1946, il s’installe à Hollywood, en Californie. Il enseigne, travaille dans l’industrie cinématographique en tant que consultant pour la couleur. Il fait aussi des portraits de célébrités. Il meurt à 68 ans en septembre 1968 à Los Angeles.

Horst P. Horst supervisera les tirages posthumes de ses photographies.
De nombreux musées surtout américains possèdent ses photographies dans leurs collection.

3°) La biographie plus détaillée de George HOYNINGEN–HUENE

George Hoyningen-Huene est né avec le titre de Baron. Son père, écuyer du tsar, l’était déjà, à Saint-Pétersbourg, en Russie.
Son père était un noble balte et sa mère la fille d’un diplomate américain. Pendant la Révolution russe de 1917, la famille Hoyningen-Huene fuit à Londres avant de s’installer à Paris après la Première Guerre mondiale.
Il aime le glamour et l’univers de la mode. Son premier travail est de faire des dessins pour sa sœur, créatrice de mode
En 1920, il devient photographe pigiste de journaux de modes puis, grâce à un projet photographique avec Man Ray, il rentre chez Vogue et apprend le métier en regardant travailler les photographes du magazine.

En 1925, George Hoyningen-Huene prend la direction artistique de la photographie chez Vogue.
Chez Vogue, il a appris de ses prédécesseurs mais il a aussi follement innové. Il travaille la lumière pour donner aux mannequins, hommes et femmes, des allures de statues grecques classiques. 
 Cet amour de la mode et de l’antiquité, l’a rendu grand fan de la créatrice Madeline Vionnet, qui avait la même source d’inspiration. Certaines des meilleures photographies de Hoyningen-Huene présentent des vêtement de la grande couturière. 

En 1931, il rencontre un allemand, Horst P. Horst (1906 – 1999). Horst devient son assistant, son modèle et son amant. Horst s’est formé à la photographie grâce Hoyningen-Huene et deviendra un grand photographe de mode.  À son tour, Horst a pris de nombreuses photographies de son maitre. 

En 1935, George Hoyningen-Huene part pour New York. Là, il commence à travailler pour Harper’s Bazaar. Mais il trouve l’atmosphère moins agréable qu’à Paris. Le style des vêtements ne l’inspire pas et il n’approuve pas toujours les choix du directeur artistique. 

Il a prend alors un congé sabbatique et part en Egypte et au Moyen-Orient. En 1938, il publie un livre de photographies sur, appelé “African Mirage, the Record of a Journey”. Il publiera ensuite d’autres livres de voyage.

Au milieu des années 40, Hoyningen-Huene a complètement abandonné la photographie de mode. Il pense à ce moment-là qu’il n’y a plus rien à inventer dans ce domaine. Il voyage, enseigne la photographie et expérimente la drogue avec Aldous Huxley.

En 1946, il s’installe à Hollywood, en Californie, où il enseigne à l’Art Center School. Il travaille dans l’industrie cinématographique en tant que consultant couleur et portraitiste de célébrités. Il a travaillé avec le cinéaste George Cukor jusqu’à sa mort prématurée en septembre 1968 à Los Angeles.
Horst P. Horst a hérité des archives de Huene et a supervisé ensuite les tirages postérieurs de ses photographies.

Aujourd’hui, les photographies de George Hoyningen-Huene sont conservées dans les collections du J. Paul Getty Museum de Los Angeles, du Metropolitan Museum of Art et du MOMA de New York et du Museum of Fine Arts de Boston, entre autres.