Le calotype (un négatif sur papier) 1841-1860

En bref :
Le calotype est une révolution. Avec lui, on entre dans l’ère de la photographie reproductible car avant le calotype, toute photographie était une image unique.
Le calotype est le premier véritable négatif à partir duquel la reproduction de plusieurs tirages positifs est possible. Les positifs sont alors tirés sur papier salé.
L’obtention du positif se fait en posant le négatif sur le papier sensible et en exposant le tout au soleil.

Pour amélioré sa transparence, le calotype est fréquemment ciré.
Le calotype tombe dans l’oubli quand arrive le négatif sur verre au collodion humide avec tirage sur papier albuminé au cours des années 1850. Avec ce procédé, l’image est de bien meilleure qualité en terme de résolution.
Mais les pictorialistes vont reprendre ce procédé en 1890 à cause du rendu du positif un peu granuleux qui le fait ressembler plus à une œuvre d’art picturale qu’à une photographie.

Description
C’est un négatif papier, qui après son développement, est posé sur un papier salé, le positif. Puis le tout est exposé à la lumière solaire pour reproduction de l’image.
Le procédé est proche des dessins photogéniques (on pose un objet sur un papier sensibilisé, on expose au soleil et la silhouette s’imprime).
Il peut être utilisé tel quel ou rendu plus transparent en l’enduisant de cire.

Apport
Avec ce procédé, les photos sont reproductibles en plusieurs exemplaires tirés sur papier salé.

Dates d’utilisation
Entre 1841 et 1860 (mêmes date que le daguerréotype).
Puis à partir de 1890, le calotype est remis à l’honneur par les Pictorialistes à cause du rendu particulier des tirages obtenus.

Inventeur et histoire
Le calotype a été inventé par l’anglais William Henri Fox Talbot en 1840 et breveté en 1841.
Il y a un problème d’antériorité avec l’invention du daguerréotype en 1839 par Daguerre. Les 2 inventions sont quasiment concomitantes. La nouvelle de l’invention de Daguerre a poussé Fox Talbot à enfin publier la sienne.
D’abord les photographes ne se voient pas l’intérêt du procédé car le daguerréotype présente plus d’avantages aux yeux des photographes :
– il est libre de droit sauf en Angleterre.
– le système du calotype, un négatif plus un positif, semble impliquer 2 fois plus de travail pour obtenir une image.

Toutefois, l’idée de pouvoir produire plusieurs exemplaires emporte finalement l’unanimité.
Puis en 1847, Blanquart-Evrard simplifie le procédé et le popularise en France.
En 1851, Le Gray met au point le négatif sur papier ciré sec. Celui-ci peut se conserver plusieurs jours après sensibilisation. C’est un avantage pour les photographes expéditionnaires, il sera d’ailleurs ainsi utilisé par la Mission héliographique.

Technique
1) Sensibilisation et séchage
Une feuille de papier est traitée avec du nitrate d’argent puis de l’iodure de potassium. Ce traitement produit de l’iodure d’argent qui est peu sensible à la lumière, ce qui permet de retarder l’exposition.
On applique ensuite sur la feuille une solution à base d’acide gallique, d’acide acétique et de nitrate d’argent.
2) Rinçage, puis séchage ou pas
3) Prise de vue
Par une chambre photographique, prise de vue de quelques secondes à quelques minutes.
Développement
Après exposition, l’image est latente (non visible). Il faut développer le négatif avec de l’acide gallique et du nitrate d’argent peu de temps après la prise de vue.
4) Lavage
5) Fixage
Au thiosulfate de sodium
6) Cirage de la feuille
Afin d’augmenter la transparence du calotype, cirage à la cire, l’huile ou l’essence de térébenthine.

Quel appareil ?
La chambre photographique.

Conditions de prise de vue
De quelques secondes à quelques minutes.

Obtention des positifs
On obtient des copies positives par application du calotype sur feuille de papier sensible, le tout exposé à la lumière solaire.
Le procédé est proche des dessins photogéniques (on pose un objet sur un papier sensibilisé, on expose au soleil et la silhouette s’imprime).

Quel support pour le négatif ?
Le calotype est un négatif sur papier. Le papier utilisé est d’usage courant. Pour Talbot et Blanquart-Evard, le papier à lettre est le meilleur des supports. Gustave Le Gray préfère le papier Watmann légèrement glacé : mince pour les portraits (80g), épais pour les photos de monuments (120 à 180g).

Quel support pour le positif ?
Un papier salé, qui s’appelait alors « calotype positif ».

Formats
Le plus grand : 36,7 cm x 45,8 cm.
Les formats sont proches de ceux du négatif au collodion.

Reconnaître
Les ciels sont retouchés avec de la peinture opaque pour obtenir des ciels plus clairs au tirage.
Le positif issu du calotype reproduit les fibres du papier servant de négatif ainsi que les traces de doigts.
Le tirage sur papier salé est d’apparence granuleuse, ressemblant davantage à une œuvre d’art picturale qu’à une photo. Pour cette raison, les pictorialistes ont repris ce procédé dans les années 1890.

Quels photographes ?
– En France, les plus grands utilisent le calotype avec positif sur papier salé tels
Blanquart-Evrard, Gustave Le Gray, Charles Marville, par exemple, pour ses images de Paris vers 1850
– Les écossais David Octavius Hill et Robert Adamson entre 1843 et 1847 pour portraits et paysages.
– Les pictorialistes qui reprennent ce procédé en 1890 à cause du rendu du positif qui ressemble à une œuvre d’art picturale plus qu’à une photographie.

Occurrence sur le marché
Rare
Le procédé a été assez peu utilisé à part par de grands photographes puis beaucoup de calotypes ont disparu faute de soins. L’oxydation de la cire rend aussi la conservation difficile.

Avant cette technique
Tous les procédés donnant une image non reproductible : daguerréotype, ambrotype, ferrotype.

Ensuite
Le calotype tombe dans l’oubli quand arrive le négatif sur verre au collodion humide avec tirage sur papier albuminé au cours des années 1850. L’image est alors de bien meilleure qualité en terme de résolution.